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Ce matin nous partons pour visiter une favela. Sergio insiste pour que nous y allions le matin, car à partir de 15h, le trafic de drogue reprends et il y a plus de risque d’être pris au milieu d’une affaire louche. Le bus s’arrête aux abords de la favela et Sergio nous briefe.

Il nous « rassure » car il a parlé au gang local, et le projet More est un projet positif pour eux, pour les enfants et les familles, aussi nous sommes 100% acceptés. Il se peut que nous soyons surveillé, cela ne doit pas nous inquiéter. Nous pouvons prendre des photos comme nous le désirons, sauf lorsque Sergio nous l’indiquera clairement. Si nous voyons quelque chose de louche, nous ne devons pas intervenir ou prendre des photos.

 

Nous changeons de véhicule et montons à bord de deux combis VW. Sergio et 3 personnes aux T-Shirt blues nous escortent. La tension est palpable et nos accompagnateur ne monte pas dans le combi mais se tienne à l’extérieur pour être plus à même de savoir vite ce qu’il se passe. Cette manière de se déplacer me rappelle surement des images de film au sujet de trafic de drogue. On sent que l’équilibre que l’on vit est fragile. Nous montons les ruelles et nous enfonçons dans la favela. Arrivé en haut, lorsque nous descendons Sergio nous explique que d’ici la vue est magnifique, mais qu’il ne faut pas nous attarder car sur les autres versants, ce sont d’autres gangs qui habitent et parfois il y a des échanges de coups de feu. Ils surnomment ce lieu « La bande de Gazza ».

 

Sergio nous explique qu’un des accompagnateurs (à la moustache fine) n’est autre que le frère du chef du trafic local. Lui ne trempe pas dans ces histoires et aujourd’hui c’est un peu notre laisser-passer.

Sergio sait que certains d’entre nous resterons à Rio ensuite et il nous donne un conseil important : Si nous nous perdons dans une favelas (en voiture ou à pied), il ne faut surtout pas paniquer, et si nous sommes approché par des personnes louches, il faut simplement leur dire « Cocaïne ? » tout en leur montrant un billet de 50 R$ (15$). De ce fait, en étant vu comme un consommateur, nous sommes de amis, et ils nous aideront même à retrouver notre sortie. Les dealers locaux sont très attentifs à ce que leurs clients soient contents…

Nous commençons notre visite en descendant des petites ruelles en terre. Ici l’électricité est « piratée » et c’est pourquoi il arrive de voir des ampoules allumées même le jour. Nous nous arrêtons à plusieurs endroits, au gré des rencontres avec les habitants, et Sergio nous livre l’histoire de ces personnes qu’il connaît bien.

 

Trois jeunes d’abord. Deux d’entre eux sont assidus au projet more et Sergio pense qu’ils sont tirés d’affaire. Le troisième, en T-shirt bleu, qu’il embrasse comme les autres est dans la drogue et il nous fait comprendre que pour celui là, c’est une question de temps… Il y travaille…

Au sortir de cette visite beaucoup d’entre nous sont « retournés » par cette misère. Sergio nous demande de ne pas être triste, et au contraire de nous rendre compte que l’on peut changer les choses : « Je ne vous montre pas cela pour que vous voyez la misère, mais pour que vous voyez toutes les choses que nous pouvons changer »

« We are not here to sell misery, but to share opportunity »

Sergio Ponce

Director, More Project

On rencontre ensuite une jeune fille. Elle fait partie du projet More. Elle et sa famille habitent la maison juste là. Sa mère a six enfants et vit seule. Le plus grand regret de Sergio c’est que le projet n’a pas pu terminer la nouvelle maison qu’il construisait pour eux. Du fait, elle est restée en plan et la mère, qui travaille maintenant à la banque, économise pour pouvoir réaliser les travaux un jour. Sergio nous invite, pour ceux qui le souhaitent, à entrer chez la jeune fille pour se rendre compte des conditions de vie. C’est très petit, très sale, la pièce principale est jonchée de couvertures, de matelas, et doit vraisemblablement accueillir toute la famille.

La troisième maison appartient à un homme qui vit seul avec ses enfants (situation très atypique ici, en général le schéma c’est femme seule avec enfants, père absent). Sa femme est partie car il était addict au crack. Son fils vient au projet More. Il a réussi depuis six mois a sortir de cette dépendance, mais sa maison est un vrai taudit, de l’accumulation de sa vie passée. Sergio sait que sa femme reviendra dans quelques mois pour l’anniversaire de leur fille. En fait il pense qu’elle vient voir comment son mari vit et s’il a changé. L’idée de Sergio c’est d’aider cet homme a remettre en état cette maison, pour que lorsque sa femme vienne, elle sache que les choses ont changé et qu’ils ait une chance de reformer la cellule familiale…

S’ensuit alors un passage pendant lequel Sergio nous demande de ne pas prendre de photo, et de regarder à gauche… Nous arrivons bientôt vers le bas de la favela, c’est plus animé, nous croisons des enfants que nous avons rencontrés la veille au « Progamme Believer ». Sergio salut un vieil homme qui a réalisé une chanson pour le projet More. Il nous la chante, ici dans la rue et c’est bien sympa !

Lorsque nous arrivons prêt d’une artère de circulation, nous nous apercevons que nous sommes en fait à 40m de l’entrée du programme « Believer ».

« Les gangs protègent les habitants de la favela, les policiers les tuent »

A quelques mètres du Programme « Believer », l’entrée de la Favela (ou plutôt la sortie!)

Aujourd’hui nous visiterons le programme « Take-Off » qui s’occupe des jeunes entre 12 ans et 18 ans. Nous y retrouvons Mayara et son frère qui ont leur cours ici. Aujourd’hui Mayara est accompagnée de sa petite sœur Fernanda-Maria.

 

Sur ce site, il y a aussi tout le côté administratif du projet More. Sergio nous fait rencontrer les différentes personnes et leurs bureaux. Le bureau « Sponsor a Child », le bureau de Sergio, de son équipe rapprochée, Jonathan le designer / Marketer…

 

Le bureau de Sergio n’est pas très chargé, et Sergio nous raconte beaucoup d’histoire attachée à chaque objet (peinture, photo, trophée,…). Dans un cadre où il a rassemblé des photos, il y a sa famille et il nous parle aussi de Charlie Brinks qui est le fondateur du Projet More en 2006 (c’est lui qui a apporté la contribution financière nécessaire au démarrage). Charlie a quitté le projet depuis mais il le garde dans son cœur.

 

Jonathan est un jeune qui faisait partie du projet More. Il a été repéré par Sergio pour sa sensibilité graphique et il a travaillé cela et a maintenant un emploi comme Graphiste/Designer au sein du projet More. Jonathan nous explique son parcours (enfant maltraité, abusé,…) et l’opportunité qu’il a saisi avec le projet More. Aujourd’hui il respire le bonheur et l’envie de partager tout cela pour donner la chance à d’autre.

 

A midi, nous mangeons sur place. Il y a un groupe de jeunes qui sont coachés par un couple américain qui leur donne les bases pour cuisiner et savoir tout ce qu’il faut savoir pour ouvrir un jour un restaurant. Aujourd’hui ils nous ont préparé le repas et nous sommes servis par eux. Le repas reste très simple mais il a été fait avec tellement d’Amour que cela le rend exceptionnel.

 

L’après-midi nous enchaînons une série de démonstration des différentes activités qui sont pratiqués dans le programme :

  • Musique
  • Chant
  • Tennis
  • Ping-Pong (avec Vincent qui aura joué quasiment toute la journée avec les enfants)
  • Ju-Jitsu
  • Danse

L’après-midi se termine en liesse incroyable, nous dansons tous ensemble, emmenés par les grand ados qui proposent une chorégraphie que tous essayent de suivre.

 

La maman de Mayara est là à nouveau, il y a aussi son petit frère. Nous avons la famille au complet, l’occasion de faire un dernier cliché avant de les quitter jusqu’à la prochaine fois !

 

Cette journée aura encore été très dense, beaucoup d’émotion et d’amour. Nous vivons pleinement la seule règle qui s’applique ici, au pour le projet More : « Unconditionnal love ».